L’acte d’écrire est, comme de nombreux autres processus créatifs, un travail solitaire. En effet, pour arriver à produire une œuvre de qualité, l’artiste doit s’asseoir et travailler, certes, mais il doit aussi le faire en s’isolant, pour que toute sa concentration soit mise au service de sa créativité. Malgré cela, je pense sincèrement que chaque artiste possède, parfois sans le réaliser, sa propre « équipe de création ». Je vous explique.
La plupart du temps, l’inspiration me vient un peu par hasard. Les idées fleurissent alors que je marche au grand air (dans mon cas, c’est assez fréquent), pendant que je « fais de la route », que j’écoute de la musique, ou même pendant que je travaille. Il suffit d’une odeur, d’un son, d’un mot ou d’une image pour déclencher une intense frénésie mentale qui n’aura de fin que lorsque j’aurai réussi à sauvegarder l’idée sur papier. Généralement, les idées sont timides, des animaux craintifs qui attendent le bon moment pour ramper hors de leurs terriers: elles se manifestent lorsque je suis dans ma bulle, que je suis connectée à mes sentiments et que j’arpente mes univers intérieurs. Plus de la moitié du temps, j’arrive à créer sérieusement lorsque je suis seule, ou isolée d’une manière ou d’une autre ; le reste du temps, c’est mon équipe de création qui met la table et me prépare à travailler.
Dans cette grande équipe, il y a d’abord les critiques occasionnels, soit mes connaissances, mes collègues et mes amis. Ceux qui me lisent de temps en temps, qui apprécient mon travail et qui m’en glissent un mot… ou alors qui n’aiment pas vraiment et ne m’en parlent pas (ou peu, dépendant de notre relation). Ceux dont les commentaires, souvent inattendus, sont toujours appréciés à leur juste valeur. Ceux qui me connaissent déjà beaucoup, juste un peu ou pas tant que ça, et qui apprennent à me voir différemment à travers mes mots. Ceux que je me réjouis d’avoir à mes côtés, parce que bon, c’est déjà beaucoup que des gens s’intéressent suffisamment à mon travail pour y accorder un peu de leur temps.
Il y a ensuite les fans inconditionnels, soit mes parents et ma famille. Ceux qui m’encouragent depuis le tout début, qui lisent pratiquement tout ce que je fais, qui commentent, qui proposent des modifications. Ceux qui ne sont pas toujours très objectifs, parce que lien de sang oblige, mais dont les bons mots font toujours plaisir. Ceux qui savent que je vais réussir, même quand moi je n’en suis pas du tout certaine. Ceux dont l’optimisme est tellement foudroyant qu’il me permet de rêver un peu, finalement. Ceux que j’aime aussi inconditionnellement qu’ils m’aiment et semblent aimer mon travail, parce que…c’est comme ça.
Enfin, il y a les partenaires d’écriture, soit mon amoureux et mes amies très proches. Ceux qui m’aident à débusquer des idées, parce que parfois, les animaux préfèrent rester dans leurs terriers. Ceux qui s’enthousiasment devant un concept, se cassent la tête pour trouver une nouvelle péripétie, se désolent de me voir affronter une page blanche. Ceux qui critiquent honnêtement ce qui doit l’être, pour me permettre de m’améliorer. Ceux qui se réjouissent de voir le projet être développé petit à petit, parce qu’ils savent qu’il y a un peu d’eux-mêmes dedans. Ceux qui me sont très précieux, parce qu’un bon vieux « brainstorming », c’est parfois la chose dont j’ai besoin pour continuer à avancer… et parce que leur amour et leur amitié, c’est ce qui me soutient, quoi qu’il arrive.
Il se peut que vous fassiez partie de l’équipe de création d’une personne autour de vous, que vous le sachiez ou non. Alors si vous avez des artistes dans votre entourage et que vous vous intéressez réellement à leur travail, n’hésitez surtout pas à leur transmettre vos encouragements, votre soutien et vos critiques constructives : ce n’est sûrement pas grand-chose pour vous, mais pour l’artiste qui se sait appuyé, un commentaire peut valoir tout l’or du monde. Et qui sait, votre petit coup de pouce vous permettra peut-être de contribuer à la création de merveilleux projets!
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